La galactorrhée est un écoulement mamelonnaire de lait, généralement bilatéral.
Au cours de l'allaitement, la galactorrhée est physiologique. En dehors, elle évoque une maladie. Découvrons-en davantage à ce sujet.
Bon à savoir : les écoulements non lactescents, hémorragiques ou unilatéraux font suspecter une origine maligne, surtout s'ils sont associés à une tumeur du sein.
Galactorrhée physiologique
La grossesse modifie les seins sous l'action des hormones placentaires, les œstrogènes et la progestérone :
- Les glandes mammaires augmentent de taille.
- Différentes voies métaboliques se mettent en place : c'est la lactogenèse.
- À l'accouchement, la chute du taux d'hormones, essentiellement de progestérone, entraîne une augmentation de la production de lait.
- La coloration de l'aréole s'accentue, les tubercules de Montgoméry s'hypertrophient et le mamelon est plus mobile, plus saillant. Le corps de la femme s'apprête à allaiter.
La succion du mamelon par le nouveau-né stimule la production d'autres hormones : la prolactine qui active la synthèse et le stockage du lait et l'ocytocine, hormone de l'éjection du lait. L'entretien de la lactation est un réflexe neuro-hormonal.
Bon à savoir : une femme ayant eu plusieurs grossesses pourra avoir une montée de lait déclenchée par les cris d'un nouveau-né.
Galactorrhées non physiologiques
La galactorrhée est un effet secondaire de nombreux traitements. Elle est également un symptôme de maladies endocriniennes ou du sein :
- La cause médicamenteuse est la première cause à éliminer devant une galactorrhée en dehors d'un contexte d'allaitement :
- les psychotropes (spécifiquement les neuroleptiques) : neuroleptique Abilify®, antidépresseur Citalopram®, anxiolytique Alprazolam®, hypnotique Imovane®, neurothymique Lithium ;
- certains antihypertenseurs Aldomet® ;
- certains antibiotiques Isoniazide® ;
- les opiacés ;
- les œstrogènes dont de nombreuses pilules contraceptives ;
- Certaines tumeurs intra-cérébrales sont responsables de galactorrhées car elles sont situées dans des centres neuroendocriniens (sécrétion d'hormones) : adénomes hypophysaires.
- Certaines maladies bénignes du sein produisent du lait :
- dystrophies galactophoriques ;
- ectasies canalaires sécrétantes pour lesquels le lait est parfois hématique.
Les tumeurs du sein bénigne ou maligne produisent généralement du lait séro-hématique.
Galactorrhées inhabituelles au cours de l'allaitement
Des galactorrhées anormales au cours de l'allaitement doivent amener à consulter un médecin. Certaines complications contre-indiquent la poursuite de l'allaitement.
La lymphangite mammaire est une inflammation du réseau lymphatique, souvent favorisée par des crevasses du mamelon. Elle apparaît souvent 5 à 10 jours après l'accouchement. Correctement traitée, elle guérit en 24 à 48 heures.
Négligée, elle peut évoluer vers une galactophorite :
- Le début est brutal, elle peut apparaître d'un jour à l'autre.
- La fièvre est élevée et peut monter jusqu'à 39 ou 40 °C avec la présence de frissons.
- On peut constater un placard rouge, chaud, douloureux de la face externe du sein avec une traînée rosâtre vers l'aisselle et une adénopathie axillaire douloureuse.
- Le lait recueilli sur un coton est propre, sans trace de pus.
L’allaitement peut être poursuivi, mais il est important de bien vider le sein après chaque tétée. On peut éventuellement s’aider d’un tire-lait jusqu’à la guérison. La conduite à tenir est la suivante :
- Prenez de l'aspirine ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens.
- Utilisez des pansements antiphlogistiques de type Osmogel®.
- L'antibiothérapie peut être prescrite en cas de persistance des symptômes au-delà de 48 heures : Pénicillines M Bristopen®, Orbénine®, pendant 8 jours.
La galactophorite complique une lymphangite. Elle survient 10/15 jours après l'accouchement :
- Le début est progressif, sur plusieurs jours.
- La fièvre est modérée, environ 38 ou 38,5 °C.
- Des douleurs sur l'ensemble du sein, qui est plus ferme que l'autre, apparaissent.
- Le lait recueilli sur un coton est mélangé à du pus : c'est le signe de Budin.
La galactophorite nécessite la suspension de l’allaitement au sein douloureux. Le lait doit être tiré et jeté jusqu’à la guérison. Les traitements associent antibiotiques et anti-inflammatoires.
L'abcès du sein est une complication devenue rare. Il est tardif et complique une galactophorite négligée. Le diagnostic repose sur les symptômes suivants :
- initialement, tableau de galactophorite avec lait purulent ;
- majoration des douleurs et fièvre élevée, parfois oscillante ;
- sein volumineux, rouge, tendu, très douloureux.
L'abcès du sein nécessite une intervention chirurgicale pour être drainé. L'allaitement doit évidemment être arrêté. Des analyses permettront de mettre en évidence la bactérie en cause et d'introduire un antibiotique adapté.
Au moindre doute, la femme qui allaite est invitée à consulter le médecin qui la suit.